Charles Dobzynski : Supernova



 

Un tremblement d'éther. Une fissure
d'où gicle un faisceau d'ions et de flammes
noués par la racine et la rosace.
Salves - scories de bruits et de couleurs
énucléées - collisions d'aurores.
Grappe de foudre. Et l'onde concentrique
des vibrations sur la vitre d'un rêve.
Caillots d'échos coagulant un quartz,
et la nuit fond d'un bloc. Et sa banquise
forme un bourbier d'étoiles sous la pluie
chaude-chantante : une pluie-en-la-chair,
un suintement sans fin de soleil mort,
une agonie de bouche où l'or bouillonne.
L'explosion d'un grisou dans l'aorte
de la matière en son amas natal.
Sang trop compact, tumeur de l'énergie
qui fait fumer une fièvre d'atomes.
Est-ce la pluie qui tombe ou le grésil
de la lumière aride? Est-ce la pluie
ou bien les stries de la mort dans le spectre?
Est-ce une pluie de pierres pyrogènes,
ou bien le bris d'une étoile en éclats
comme un miroir de mille et mille vies
où notre image ancienne se détruit
puis nous revient, par les années-lumière,
neiger en nous pour une autre naissance?


 

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