Edmont de Haraucourt:
L'agonie du soleil



 

La Terre est morte; morts Uranus et Saturne;
Mars et Vénus, Pallas, Mercure et Jupiter,
Tous morts : et dans l'effroi de leur route nocturne,
Les spectres sidéraux gravitent sur l'éther.

Dans leur pâleur cendrée, ils gravitent encore,
Rapprochant du soleil leurs cycles somnolents;
Et l'aïeul qui n'a plus l'espoir d'aucune aurore
Sent le feu génital s'éteindre dans ses flancs.

Horreur! Voici grouiller sur lui l'âpre vermine
Des océans, des bois et des vivants furtifs:
Un ennui moribond l'attarde; il s'achemine,
Et le vent frais l'endort dans des râles plaintifs.

Qu'ils sont loin, les soleils! Comme c'est froid, les brises!
Et l'énorme mourant contemple avec mépris
Le fantômal troupeau de ses planètes grises
Qui tournent mornement autour d'un grand ciel gris.


 

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